CONNAIS TOI TOI MÊME
Dans un monde où tout est fait pour casser chacun d'entre nous dans une identité, une phrase comme celle ci doit être approfondie. Nous pouvons la laisser dans l'histoire et continuer a vivre avec nos identités fabriqués par l unanimité. Ou aller chercher un peu plus loin de la ligne rouge ou nous sommes depuis déjà 4 mois. Socrate avait peut être vu dans l immense expansion de son être une fissure pour aller chercher dans l âme des autres. Je soutien toujours l idée que ce que nous considérons comme notre personnalité n est que une fraction d un être collectif que l on peut nommer Matrice. Marielalero l appelle « conscience physique ». Si nous appartenons a une âme collective, comment pouvons nous déceler ses manifestations dans nos façons d agir. La psychologie moderne installée dans nos sociétés par S. Freud, est déjà un symptôme de que nous sommes vus comme une entité uniformisée car les mêmes principes sont a l œuvre pour diagnostiquer l âme d une façon industrielle. Ce procédé veut trouver les mêmes causes dans des vécus pourtant si éloignés les uns des autres.
Si Freud a servi comme parangon a toute la psychologie mondiale, il faut savoir pourquoi. Par des recherches actuelles, nous savons maintenant que le fond de son travail n'est pas clair comme eau de roche ; au contraire, des courriers entre lui et un proche, montrent un penchant pour des choses non scientifiques ; ainsi que par l amour de l'argent démesuré. La psychologie n est donc très fiable si sur nous des méthodes égalitaires sont employés pour approfondir en nous.
Connais-toi toi-même : une injonction morale et épistémologique de Socrate
https://la-philosophie.com/socrate-connais-toi-toi-meme
La philosophie de Socrate rayonne encore aujourd'hui. Même les philosophes les plus lointains de ses principes l'ont discuté et débattus, tels Nietzsche ou Kierkegaard.
La phrase de Socrate "Connais-toi toi-même" n'est pas exactement de lui, c'est une devise inscrite au frontispice du Temple de Delphes que Socrate reprend à son compte. Elle figure au panthéon des grandes phrases philosophiques.
Cette assertion, sous sa forme impérative, indique que l'exigence de l'homme doit se porter sur sa nature. C'est en se connaissant, en cherchant en lui-même, que l'homme peut trouver la sagesse. Mais deux questions essentielles sont posées par Socrate :
- Pour y trouver quoi ?
- Par quel moyen ?
Socrate et la connaissance
Le quoi, d'abord. En effet, cette invitation à l'introspection doit être reliée à la théorie platonicienne de la réminiscence. Chacun, nous dit Socrate, dispose du savoir en lui-même, il suffit de se les rappeler. La connaissance est immanente à l'homme, et non extérieure. La sagesse consister à apprendre à se ressouvenir.
Socrate et la maïeutique comme voie d'accès à la connaissance
Le comment, ensuite. Cette connaissance de soi-même ne peut se faire que grâce à la maïeutique, c'est-à-dire le dialogue entre l'âme et elle-même, ou bien entre un élève et son maître. Socrate se présente ainsi souvent, dans son rôle de questionneur, comme un accoucheur d'âme. Socrate questionne parce qu'il ne sait rien, sait qu'il ne sait rien, il n'a rien à apprendre, mais il peut aider ses disciples à découvrir les vérités qu'ils ont en eux.
Sans ce travail sur soi-même, la vie ne vaut rien selon Socrate :
"Une vie sans examen ne vaut d'être vécue"
Chez Socrate, la philosophie ne désigne pas, comme chez les sophistes, l'acquisition d'un savoir, mais une manière de s'interroger, de se mettre en question, une forme de souci de soi.
Héritage
L'armée athénienne Alcibiade et Socrate
L'héritage principal de Socrate est peut-être sa propre mort: un philosophe condamné à mort par la démocratie d'Athènes, pour avoir introduit de nouveaux dieux.
La base de ses enseignements et de ce qu'il inculquait était la croyance en une compréhension objective des concepts de justice , d' amour et de vertu ; et la connaissance de soi-même. Socrate décrit l' âme ( psyché ) comme celle en vertu de laquelle nous sommes qualifiés de sages ou de fous, bons ou mauvais, une combinaison d'intelligence et de caractère.
Assumant une position d'ignorance, il a interrogé les gens pour ensuite exposer l'incongruité de leurs déclarations; on appelait « l' ironie socratique », ce qui est exprimé dans sa fameuse phrase : « Je sais que je ne sais rien » (Ἓν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα, HEN Hoti Ouden HEARD HEARD ).
En même temps, il était capable d'apporter une telle unité au plan de la connaissance, en soutenant que la vertu est la connaissance et le vice ignorance.
Son non-conformité l' a incité à s'opposer à l'ignorance populaire et la connaissance de ces sages ont dit, bien qu'il se fut pas considéré comme un sage, même si l' un de ses meilleurs amis, Querefonte , a demandé à l' oracle de Delphes si quelqu'un était plus sage que Socrate et la Pythie ont répondu qu'il n'y avait pas de plus grand savant que lui ( Apologie 21a). Après avoir entendu ce qui est arrivé, Socrate doute l'oracle, et a commencé à chercher pour quelqu'un plus sage que lui parmi les personnages les plus célèbres de son temps, mais ils ont réalisé réellement pensé qu'ils en savaient plus que ce qu'ils savaient vraiment.
Philosophes, poètes et artistes, tous soupçonnés d'avoir une grande sagesse, cependant, Socrate était conscient que sa propre ignorance à la fois autour de lui. Cela l'a amené à essayer de faire réfléchir les gens et à leur faire voir les vraies connaissances qu'ils avaient sur les choses.
Le débat de Socrate et Aspasie
Il croyait que tout vice est le résultat de l'ignorance et que personne ne désire le mal; À son tour, la vertu est la connaissance et ceux qui savent bien agiront équitablement. Sa logique mettait l'accent sur la discussion rationnelle et la recherche de définitions générales. En ce sens, il a influencé son disciple Platon et, à travers lui, Aristote .
Il croyait à la supériorité de l' argumentation sur l' écriture et donc passé la majeure partie de sa vie adulte dans les marchés et les places publiques d'Athènes, initiant des dialogues et des discussions avec tous ceux qui voulait l' entendre, qui répondrait par des questions
La sagesse de Socrate ne consiste pas dans la simple accumulation de connaissances, mais dans l'examen des connaissances acquises et, partant, dans la construction de connaissances plus solides.
Le pouvoir de son éloquence et sa faculté d'expression publique étaient sa force pour attirer l'attention des gens. Antisthène , fondateur de l'école cynique de philosophie, était un autre penseur et ami influencé par Socrate . Socrate était aussi un professeur de Aristippe , qui a fondé la philosophie Cyrénaïque expérience et le plaisir de la plus haute philosophie émergé Epicure . Tant le stoïciens et le philosophe grec Épictète , Socrate personnifiaient et des conseils pour parvenir à une vie supérieure.
Il a eu une grande influence sur la pensée occidentale, à travers le travail de son disciple Platon .
Aristote , disciple de Platon, souligne les deux grandes contributions de Socrate:
Deux choses doivent être assez attribués à Socrate, à la d' une part l'argument inductif (επακτικοί λόγοι) 10 et l' autre la définition générale (ορίζεσθαι καθόλον) 11
Métaphysique M, 4; 1078b 27
Si Socrate voulait que l'on se connaisse, des raisons fondamentales il avait et celles ci auraient pu faire école pour déceler nos maux existentiels. Que cache donc la méthodologie Freudienne pour être partout et tout le temp present. Ma nièce est psychologue et je lui ai demandé le pourquoi de l utilisation des mêmes principes pour tout le monde. Elle a soulevé les sourcilles en montrent qu elle s est jamais posé la question. Pour aller chercher au fond des personnes, on doit être très balaise. Connaître les ruisseaux internes par ou passe le torrent de notre être, même s il est obscurci par nos démons. Nous sommes vus donc comme une matière homogène a traiter homogène ment. Je vous dis aussi depuis quelque temps, que le processus de terraformation de nos sociétés visent cela. L'égalisation même des nos maux pour nous rendre plus contrôlables. Si le malaise est planétairement identique c est que les causes sont dues a cette vision de troupeau que l'on a de nous. Quand nous nous engouffrer dans ce que l'on nous propose comme forme de vie, nous consentons a être traités de la sorte. Ce que vous voyez dehors comme monde, est le produit d une facette souterraine qu est le véritable support de notre réalité. Tout le monde connaît l exemple de l iceberg ; Les villes, les masses, la culture, la science, etc. c est la partie visible. Les politiciens et hommes des élites. sont aussi la pointe qui dépasse la limite qu est aussi une ligne rouge. Si vous avez lu mon article « la ligne rouge » ici on introduit une projection verticale. Le remue qu il y a en bas de cette ligne, nous ne l apercevons presque jamais. La se trouvent ceux qui choisissent presque tous les présidents des pays connus. Les tactiques économiques pour amener nos destins vers ce qu ils ont décidés. Ainsi de suite.
La preuve que nous vivons dans un monde qui n est pas pour nous ni a nous, c est que Socrate avait déjà vu la partie basse de l iceberg. Les signes de la disparité entre ce que nous attendons de la vie et ce qui transparaît de systèmes de gouvernements confirme des axes opposés. De la même façon qu ils réduisent la nature a des comptes bancaires, souvent cachées du public, ce que nous avons de naturel est aussi réduit a ce que nous produisons en essayant de coûter le moindre. Nous servons a quelque chose si nous pouvons transporter de l'argent d'un point a un autre. Lorsque vous achetez quelque chose vous fabriquez de l argent. Sans vous, les banques tomberaient toute de suite. Si ce que vous acquérez vaut 10 a la fabrication, le reste est de l argent qui n'existe que si vous êtes acheteur. La, l opinion publique est nécessaire pour servir a leurs intérêts, votre avis en forme d'achat est valide, ne demandez rien qui ne soit pas dans leurs cartables.
Socrate est donc très actuel, notre ignorance étant la matière première pour fabriquer notre consentement, ne doit que grandir pour le soutènement de notre « devenir ». Ce que nous pouvons être est stoppé de façon a maintenir la boite bien fermée. Nous verrons toujours la pointe de l iceberg en nous fessant des clins d œil en nous faisant miroiter la démocratie, la paix, le progrès. Ils diront jamais que c est leurs démocraties, leurs paix, leurs progrès. Allez voir leurs richesses même en temps de vaches maigres. La richesse se fabrique grâce au déséquilibre ; voyez les guerres, les crises économiques, les colons d immigrés, les attentats comme de façons de déstabiliser pour créer le terrain aux milliards. Autrefois, la prédation s'exerçait loin, dans les pays pauvres en connaissance mais riches en matières premières. Maintenant la prédation est institutionnalisé. La prédation actuelle vise directement la vie ; quelque chose fait que ceux qui ne sont porteurs des espèces font partie de la classe kleenex. Voyez vous le sort des SDF en France. Ils sont remplacés par les autres pauvres que l'on a fabriqué ailleurs. La´, leurs malheurs sont utilisés pour la terraformation de l Europe. C est une nouvelle guerre qui n'amène pas des soldats dans les rues, mais ce qui remplace une destruction qui est sociale a grande échelle. Si vous avez lu mon article « Les sages de Sion en action » vous verrez que leurs protocoles reflètent exactement l état de l Europe et surtout de la France. Se connaître ne peut qu être salutaire ; avoir une vision plus perçante de l entourage nous positionne autrement dans son devenir. Les choix se font par l'intermédiaire du libre arbitre. Socrate nous invite a cela, sortir de la pensée unique pour atterrir dans nos jardins privés ou nous pourrons cultiver nos libertés.
Les Cristallisations de la Conscience - Le point central et le processus d'alignement, d'un point de vue individuel et social
4 décembre 2012 ' Publié dans: Chroniques et décryptages
https://newsoftomorrow.org/actuas/chroniques/les-cristallisations-de-la-conscience-le-point-central-et-le-processus-dalignement-dun-point-de-vue-individuel-et-social
L'état ordinaire de sommeil
« L'homme tout à fait ordinaire est dissocié de la réalité. En effet, il est dans un état de transe. [...] Il a dissocié une partie de sa conscience d'une autre partie. »8
Martha Stout
« Nous sommes à 1 pour cent nous-mêmes, à 99 pour cent sociologique »9
Margaret Anderson
La Personnalité est construite pour interagir avec la réalité, mais si cette activité n'est pas dirigée par l'instance supérieure du Moi réel, il perd sa raison d'être. Le mode d'interaction se « fige », se « cristallise », entraînant dans sa solidification la conscience qui se retrouve « bridée », prisonnière d'une palette d'habitudes.
La définition du dictionnaire pour personnalité est « le fait ou la qualité d'être une personne » et par cette description, chaque être humain [...] a précisément une personnalité. Mais la définition psychologique de la personnalité est « un ensemble relativement durable de traits et de comportements. » 10
La Personnalité, sans un effort intérieur volontaire, ou des chocs de l'extérieur11, ne pourra se « transmuter » de nouveau, c'est-à-dire, réarranger son « type de cristallisation », l'impulsion vitale n'étant plus suffisante pour modifier le « code source ». Il arrive un moment où l'énergie consacrée au développement de l'individu s'arrête. Cette énergie propre à la croissance qui s'exprime par la curiosité et la vitalité est liée à l'enfance. Elle vient à un terme lorsque l'individu cesse d'évoluer, dès lors que le mode de perception acquis par son apprentissage paraît suffisant. La Personnalité est comme un métal : elle possède un réseau cristallin qui lui donne une « vie ». Si la chaleur détruit ce réseau cristallin (fission), nous avons un métal mort. C'est pourquoi la Personnalité craint la « chaleur », comme celle de la vision impartiale de soi-même et du remord de conscience. Elle préfère toujours un réseau cristallin de mauvaise qualité plutôt que de faire l'effort de mourir à soi-même pour en développer un nouveau de meilleure qualité.
Pourtant, notre perception, qui est le fait de ce que Castaneda nomme « point d'assemblage », n'est pas immuablement figé. Il suffit d'un infime mouvement de cette « tête de lecture » pour que le monde, c'est-à-dire l'ensemble des perceptions, permute totalement. C'est ce qui se produit lors des chocs émotionnels, ou des états de conscience modifié. Le monde semble différent. Un choc psychologique puissant permet après coup de « voir le monde avec des yeux nouveaux ». C'est en fait, simplement, retrouver ce qui est perdu, faire table rase des anciens « filtres » de la Personnalité qui ne lui appartiennent pas.
Avant d'atteindre la connaissance, il nous faut nous défricher nous-mêmes, retirer de nous jusqu'à la racine tout ce qui n'a été qu'habitudes, automatismes, tant du point de vue matériel que mental.
Nous agissons souvent par impulsions, qui sont le résultat de causes dont nous ne retrouvons pas l'origine. L'être vivant est un assemblage. Il faut donc créer l'homogénéité de l'être et, de son homogénéité, découlera l'harmonie.12
Néanmoins, la perception se fixe en général à partir d'un certain âge, elle se calque sur le niveau de perception de la collectivité. Le mot « âme » ne veut alors plus rien dire.
Quand nous vieillissons, nous nous identifions à la façon dont le monde extérieur nous voit - notre famille, nos amis, d'autres personnes, la culture en général. Mon identité et mon nom se mettent progressivement à vouloir dire une chose différente, quelque chose d'autre que le sentiment indépendant de je suis qui m'était si souvent familier quand j'étais petit enfant. Progressivement, je ne m'identifie désormais plus qu'aux critères que les autres personnes peuvent voir et savoir ou qui sont introduits en moi par des influences extérieures, et cela inclut nos pensées et opinions, qui nous viennent de l'extérieur, les innombrables émotions, nos goûts et aversions, nos idéaux et valeurs, notre sentiment d'estime de soi et notre situation. Et nous nous identifions de plus en plus à nos corps, à leurs plaisirs, leurs douleurs, et aux changements qui se déroulent en eux, y compris, bien sûr, l'intensité de l'éveil de la sexualité, et les sensations et toutes les émotions qui sont liées à la sexualité. Nous nous identifions à notre classe sociale, groupe ethnique, sexe ou nationalité ou à l'un ou à plusieurs aspects de notre vie communautaire, parmi les centaines qui existent. C'est alors que le mot « âme » - ou son équivalent - se met à vouloir dire tout un tas de choses très différentes. Parfois, il veut simplement dire l'esprit dans son état normal, composé, tel quel, de notions, pensées et vues qui ont été introduites en moi de l'extérieur ou qui ont accidentellement traversé mon esprit et qui s'y sont installés, à côté des « preuves » et justifications que ces notions errantes portent fièrement comme plumage. De telles entités, comme ces pensées et arguments vagabonds, peuvent-elles être identifiées à mon moi, mon âme ? Il suffit simplement de faire un « saut dans le temps », et se rappeler de soi petit enfant pour voir que nos pensées ordinaires ne sont pas notre moi. Il suffit simplement de se souvenir comment, enfant, nous nous sommes confrontés à la réalité ultime - la réalité de la mort et des blessures - pour voir que nous pensées quotidiennes, même nos raisonnements minutieux, logiques, ne sont pas le moi, ne sont pas l'âme. Quand le jeune enfant a besoin de comprendre, quand vous et moi avons besoin de comprendre un mystère, un fait ultime, une réalité écrasante, alors, et seulement alors, nous goûtons une nouvelle façon de pensée qui s'élève du moi intérieur. Une telle pensée a très peu de choses en commun avec les vues et les opinions qui vont et viennent dans l'esprit socialement conditionné.
C'est une question qu'il faut soupeser. Ces aspects de nous qui prennent la place du sentiment intime du je suis que nous connaissons enfant - ces aspects qui prennent sa place sont juste ces émotions semées en nous par un environnement culturel et social mystérieusement endommagé que les traditions de sagesse appellent, tout simplement, le « monde ». Et ces patterns émotionnels, qui peuvent souvent contenir des éléments de la puissance des vrais sentiments, mais qui sont fortement composés de forces biologiques incontrôlées (que la psychiatrie moderne a perçu avec grande clarté) - ces patterns émotionnels se font passer pour le moi.13
Plutarque aussi, qui témoigne de l'impermanence dans son traité De E' Iapud Delphos, s'étonne de constater qu'une « seule mort » apparaît redoutable, alors que l'homme « meurt » sans cesse par l'écoulement du « temps ».
L'homme d'hier est mort pour faire place à celui d'aujourd'hui et l'homme d'aujourd'hui est en train de mourir pour faire place à celui de demain. Aucun de nous ne subsiste ni ne reste identique; nous sommes successivement plusieurs êtres... l'on change précisément en ceci que l'on devient étranger à ce que l'on était auparavant. Ce sont nos sens qui, par ignorance de l'être véritable nous font croire faussement que l'apparence a une existence réelle.
L'impression factice de continuité individuelle repose sur trois éléments : le nom, l'expérience fixée par la mémoire, et la faculté d'ignorer les contradictions intérieures, autrement dit, la faculté de se mentir et de mentir aux autres. Ainsi, « nous ne vivons que de contradictions et pour des contradictions, la vie est tragédie et lutte perpétuelle sans victoire et sans espoir de victoire; elle est contradiction. »14
Prolongeant le travail de Durkheim, le sociologue Jean-Claude Kaufmann s'est intéressé au phénomène d'individualisation des sociétés contemporaines. Pour lui, l'individu ne doit pas « être compris comme une unité substantielle distincte de la société » capable de s'autonomiser de cette dernière par la seule force de sa pensée propre. Kaufmann démantèle l'idéologie des Lumières (« holisme rationnel »), qui avait conduit à concevoir l'idée d'un « moi abstrait » séparé de la société, doté d'une raison autonome. Bien que l'individu « se voit proposer des rôles de plus en plus nombreux, ceux-ci demeurent des constructions collectives. »15, lesquelles s'inscrivent dans un climat « d'idéologie céphalocentrique ou pire, égocéphalocentrique ». C. Dubar qualifiera l'identité personnelle de « synthèse intermédiaire et incomplète, provisoire et changeante », « fiction productrice de réalité », « processus changeant pris dans des forces contradictoires », « pluralité ouverte faite de reformulations continuelles », et même « produit de bricolages, de combinatoires de réseaux à géométrie variable »16 C'est cette situation périlleuse que Fichte essaya de décrire par une difficile introspection :
Quand les « chocs » ne sont pas utilisés consciemment pour établir une harmonie nouvelle, il s'instaure un état de « sommeil », d'un point de vue individuel et social. En prendre conscience peut être une expérience effrayante.
[Je] partis tôt le matin. Dehors, il faisait humide et sombre. Des queues s'allongeaient aux arrêts de bus ; les gens prenaient d'assaut les autobus bondés, pour ne pas être en retard à leur travail. Leurs visages exprimaient une mélancolie sourde, coutumière ; ni joie, ni espoir dans leurs yeux. La fumée des cheminées d'usines bouchait l'horizon. Une journée ordinaire de travail commençait.
C'était la même ville, les mêmes gens, au milieu desquels j'avais vécu toute ma vie ; mais maintenant je percevais tout de manière complètement différente. La ville m'apparaissait irréelle : les rues, les édifices, les voitures, et tous ces malheureux agglutinés aux arrêts. Rien n'était vrai, comme au théâtre. L'entourage citadin était un sinistre décor, les gens n'étaient des acteurs fatigués, jouant un spectacle cosmique monstrueux, écrit par un dramaturge sans talent. Plus exactement, ce n'était même pas des êtres humains tels que les avait conçus le Créateur, mais des zombies tourmentés, préoccupés sans répit par quelque chose, ayant oublié la lumineuse joie éternelle - dont la recherche constitue, en fait, l'unique but et le sens de l'existence. La majorité d'entre eux ne soupçonnaient pas cette joie, de même qu'un lionceau né dans un zoo ne connaît pas la vaste étendue de la savane. Ils étaient résignés à une vie mécanique ; pratiquement, tout ce qui les occupait était l'embellissement de leurs cages et la reproduction dans la servitude.
Derrière tout cela, je voyais la volonté abominable de quelqu'un, qui contraignait les gens à vivre comme ils vivaient et à faire des choses qu'ils exécraient. Qui était ce marionnettiste tout-puissant et impitoyable, tenant dans sa main d'acier les fils de ces innombrables destins malheureux ? Je ne connaissais pas la réponse, mais il était indispensable de tirer cela au clair, pour y changer quelque chose.17
Dans le théâtre de la vie, il existe dans un même individu « endormi » plusieurs niveaux de perception correspondant à plusieurs aspects de soi, qui coexistent indépendamment. C'est l'état de dissociation, l'extrême étant le « trouble de personnalité multiple ». Dans ce cas, plusieurs personnalités portant différents panels de comportements, différentes mémoires, prennent « possession » d'un même corps l'une après l'autre sans que celles-ci ne soient conscientes de leur existence réciproque. Une personnalité n'aura conscience que d'un « trou de mémoire » lorsqu'une autre personnalité est présente. Ce sont des cas extrêmes, mais Martha Stout a démontré que nous sommes tous atteints de ce trouble à un niveau moins spectaculaire. Les actions ne correspondent plus à la volonté du Moi réel. Les aspects de soi s'activent mécaniquement, prennent tour à tour le pouvoir du Moi réel laissé vaquant. Cette situation laisse un goût amer et ne permet pas un fonctionnement optimal de la conscience.18 Traditionnellement, cet état de dissociation est comparé au niveau de conscience ordinaire qui est en vérité un état « onirique ».
L'hypnotisme peut être exercé collectivement et simultanément sur toute l'humanité par des forces planétaires qui cherchent leur propre bénéfice aux dépends de l'auto-détermination humaine. Ces forces planétaires s'efforcent de maintenir l'humanité endormie de sorte qu'elle ne voit jamais la vérité de la réalité. De la naissance à la mort, l'individu vit dans le plus profond des sommeils et tout ce qui lui arrive est « rêvé ». Il croit qu'il est réveillé, mais il ne fait que rêver. Il croit qu'il est libre, mais il ne fait que rêver de liberté. Il croit qu'il a une volonté propre, mais ne fait que le rêver.19
Comme le rappelle Philippe Guillemant, « il existe des degrés de conscience très distincts ». Ces niveaux de conscience ont été exposés par Ouspensky et Gurdjieff, ainsi que plus récemment, John Baines. Dans HypsoConsciousness, il indique :
Le « Je supérieur » est parfaitement intégré et possède une unité indivisible; le « Je inférieur » est divisible entre d'innombrables petits « Je » qui sont faiblement intégrés. Le « Je inférieur » est celui qui est projeté en d'innombrables parties, chacune suivant un courant d'activité mentale différent. Le « Je supérieur » est le « Je » de la concentration mentale, pleinement conscient du moment présent.20
Le « je inférieur » est suffisant pour agir dans la vie normale, de sorte que les années peuvent passer sans qu'on ne soit jamais en contact avec le « Je supérieur ». Le vrai « Je », tel que défini dans ce travail, est un « Je capitalisé »; c'est le « Je Supérieur »; le produit de l'apprentissage réfléchi conscient de l'individu.21
L'homme ordinaire affiche un niveau extraordinaire de paresse mentale qui l'empêche de méditer sur ses expériences quotidiennes. Ce manque de compréhension réfléchie est ce qui marque la différence entre « l'anti-individu » et l'individu. Tout le monde pense, mais seuls quelques un raisonnent; et de ceux qui raisonnent, seuls quelques un sont conscients. La pensée peut exister sans raisonnement logique et le raisonnement peut exister sans la conscience.22
La Personnalité séparée du Moi réel ne fait que réagir aux circonstances extérieures. Chaque aspect de la personnalité croît agir indépendamment, mais comme il agit « hors du centre », il est en réalité incapable de transmettre la volonté du Moi réel. C'est ainsi que l'individu peut dériver au fil des aléas de la vie sans aucune direction intérieure. L'unification du moi suppose un « centre de gravité » capable de transmettre la volonté du Moi réel, ce centre de gravité ne peut le faire que s'il se trouve au niveau du « plexus solaire » qui est le locus où pénètre l'énergie psychique vitale. « Le moi se modifie constamment tant que l'homme n'est pas unifié, il est le résultat des événements extérieurs et des chocs provoqués par ceux-ci. (...) Prendre conscience aiguë de cette pluralité est un des motifs de détresse profonde.23 » Le sommeil ordinaire est un niveau partagé par l'humanité. La conscience est éclatée. Elle est obscurcie, elle perd sa pureté et forme une ombre. Cette ombre, c'est aussi « l'autre soi-même », un ensemble de fragments qui s'ordonnent autour de noyaux échappant au centre de gravité.
[...] l'homme ne doit pas se dissoudre dans la multiplicité d'éléments incohérents [...] La possession par l'inconscient, c'est justement d'être déchiré, morcelé en un grand nombre d'êtres et de choses, c'est une « disjonction ». C'est pourquoi le but du chrétien est, selon Origène, de « devenir un homme intérieurement unifié ».24
On observe alors que les circonstances vont mettre à jour ces noyaux, ces caractères, ces rôles, qui resurgissent involontairement, par « réaction » à des stimuli extérieurs (théorie des schémas, engrammes, et mèmes25). Il s'agit bien d'une mécanisation de soi, qu'exploite aussi les techniques de contrôle mental26. La tradition chrétienne ésotérique révélée par Boris Mouravieff, affirme que le « Moi de la Personnalité » est composé d'un nombre considérable de « petits moi ». Les différents groupes de noyaux « tour à tour, règlent nos attitudes et nos actions ». Mouravieff s'interroge : « Comment pouvons-nous concilier cet état chaotique avec une continuité, ne serait-ce qu'apparente, de notre vie psychique ? » C'est une vision que partage Montaigne :
Je ne peins pas l'être, je peins le passage: non pas un passage d'âge en autre, ou comme dit le peuple de sept ans en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l'heure. C'est un contrerolle de divers et muables accidents et d'imaginations irrésolues et, quand il y eschet, contraires: soit que je sois autre moi-même, soit que je saisisse les sujets par autres circonstances et considérations.27
Ainsi le dit Ouspensky :
Nous savons ce qu'est l'homme de manière seulement imparfaite; nos conceptions à son sujet sont extrêmement fallacieuses et créent facilement de nouvelles illusions. Tout d'abord, nous avons tendance à considérer l'homme comme une certaine unité, et à considérer les différentes parties et fonctions de l'homme comme étant reliées ensemble, et dépendantes les unes des autres.28
Ainsi le dit Manly P. Hall :
Examiner ce sujet de façon critique revient à explorer l'un des mystères les plus profonds de la vie contemplative. Philosophiquement, la personnalité n'est pas UN SEUL être, Une entité, Un principe, Une force unique.29
L'homme est un robot créé par un d'inconnu, un robot dans lequel certains circuits fondamentaux ont été implantés comme les instincts de protection de soi, de reproduction, de réactions émotionnelles et capacités cérébrales de logique, déduction et analyse. Ce robot a alors développé une petite étincelle, qu'on peut appeler conscience, et qui reste inactive et non remarquée chez la majorité des êtres humains qui utilisent seulement les circuits robotiques qui furent implantés. Quelqu'un qui s'occupe de cette petite étincelle de conscience, la nourrit, lui permet de se développer de telle sorte qu'il peut détruire ces circuits et prendre effectivement contrôle du corps. Il dépasse toutes les limitations humaines, car il s'est rendu plus humain en dépassant les limites imposées à l'espèce [...] La condition humaine peut être comparée à un individu qui entre dans une automobile très compliquée sans savoir comment la conduire. Le corps physique d'un homme qui n'a jamais cultivé ni développé sa conscience, est comme une automobile qui roule sur une longue distance sans conducteur. 30
Dans une démarche ésotérique, la situation où la Personnalité est au pouvoir est anormale. Sans vision d'ensemble de soi-même - ce qui suppose un point de vue extérieur et englobant -, il ne peut y avoir non plus de vision d'ensemble du monde d'un point de vue suprasensible, spirituel. Les événements prennent alors une valeur subjective, superficielle, et arbitraire. Plus important encore, le rétrécissement de la conscience altère le regard - ce qui cause le manque, la dépendance :
La dépendance colore et limite les relations interpersonnelles. C'est faire œuvre d'abstraction que de considérer les gens comme possibilité de gratification d'un besoin ou comme de sources de fourniture. Ils ne sont pas appréhendés comme une totalité complexe, comme des personnes uniques [...]31
L'état ordinaire est un état où l'esprit se retire, où le corps est dévitalisé. C'est un état fréquent d'absence, où la personne est « occupée » par quelque chose, et même, « pré-occupée ». C'est un état d'aliénation mentale, caractérisé par l'emprise de certaines pensées. En effet, pourquoi certaines pensées s'enracinent plutôt que d'autres, et pourquoi ne peuvent-elles pas être modifiées à volonté... puisque ce sont de simples pensées ? Cette situation entraîne une perte de flexibilité intérieure, une perte de « foi intérieure », de capacité à « changer ». C'est le premier pas vers l'esclavage de la conscience, en proie à ses deux ennemis principaux selon Gurdjieff : la peur et l'imagination.
Une personne peut se dissocier à n'importe quel moment dans sa vie quand elle traverse une dure période qui met sous tension ses émotions et pensées - les structures neurologiques. Le problème est qu'une fois que vous l'avez fait, il est plus facile de recommencer la fois suivante, et la fois suivante, et celle d'après... C'est comme une « trace » qui serait de plus en plus facile à suivre. On peut le voir comme des traces de carbone dans un distributeur de moteur à essence qui provoquent un mauvais allumage des bougies.32
Une première séparation entre le Moi réel et la Personnalité est généralement due à l'influence de l'environnement sur l'enfant33, à cause de la confusion établie entre ce que l'enfant « fait » et ce qu'il « est ». C'est ce que Jeanne de Salzmann appelle la « grande blessure » - la non-reconnaissance et non-acceptation du Moi réel par l'entourage :
Le sentiment intime du je suis de l'enfance n'a pas reçu de soutien, n'a pas pu se développer en relation au corps et à l'esprit en croissance. La véritable graine de l'immortalité, qui dans un homme ou une femme peut réellement résister au temps, est passée en arrière-plan avec l'âge. Elle est un millier de fois plus vive et plus intense que nos émotions habituelles et elle souffre avec une force insoutenable et étrange quand elle - quand je suis - est amené à vivre sur le mensonge et la violence. Cette substance essentielle de la singularité humaine vit et grandit au travers d'expériences de vérité. C'est sa nourriture. Mais tel que nous le connaissons, dans notre monde de la société humaine, mystérieusement et incroyablement endommagé, la vérité n'est jamais offerte à l'enfant qui grandit, sous aucune forme assimilable. Quelque chose de tout à fait contraire est donné et, sous d'innombrables formes, le sentiment intime du moi est astreint à se retirer dans une « sub-conscience » inconnue de la psychologie moderne. C'est une subconscience qui est au-dessus du moi ordinaire, non en-dessous ; la subconscience des perceptions les plus fines, à l'opposé de l'inconscient du besoin biologique refoulé. Ce « refoulement métaphysique » est la grande blessure que partagent tous les hommes et femmes nés dans le « monde ».
Les puissantes émotions qui se font passer pour le moi protègent en réalité cette blessure métaphysique. Elles se déclarent moi, mais elles ne sont pas le je suis à l'intérieur. Elles donnent l'impression d'être comme un moi, mais elles ne sont pas le Moi. Et ainsi, au cours de nos vies toute une structure se forme, agissant comme le Moi mais qui n'est pas le Moi. Si ces « moi's » émotionnels étaient enlevés, l'âme blessée, intime, serait à nouveau en proie à la douleur et à la faim. Les grands mythes et légendes des anciennes traditions dépeignent le moi intérieur retenu prisonnier de forces qui prétendent être le moi mais ne le sont pas.34
Ce moi prisonnier qui vit dans la séparation est décrit par Elan Golomb dans Trapped in the mirror. La première rupture entraîne un état de vie « défensif », où l'énergie est retenue par des structures défensives. Un état de malaise intérieur conduit finalement à la séparation d'avec la totalité de soi - et comme on le verra plus loin, seule la totalité de soi - réunie grâce à un centre magnétique - permet le contact avec l'Âme.
Même un trauma mineur peut provoquer la fragmentation. [...] Des fragments de l'esprit peuvent se séparer de la personnalité principale. Ces fragments peuvent rester en dehors de l'espace corps/esprit et refuser de revenir. [...] Les gens s'échangent souvent des fragments dans une relation. [...] Un patient peut décrire qu'il se sent détaché, sans ancrage, déconnecté, comme s'il n'était pas dans son corps, avec certaines parties du corps engourdi, pas entièrement ici. Les yeux peuvent paraître vides et ternes. Les sens peuvent être étouffés. Une courte durée d'attention et une mauvaise mémoire dans la vie quotidienne et en séance de thérapie peuvent indiquer un état de fragmentation de l'âme. [...] Chaque fragment d'âme trouve son emplacement parfait dans le puzzle lorsqu'il revient dans l'espace vide, où que ce soit - parfois la tête, plus souvent le cœur. [...] On demande au patient dans un état modifié de scanner son corps. Il peut découvrir des tâches sombres, des vides ou creux, des tubes creux et des espaces vides. Ce sont les espaces éthériques laissés par la fragmentation de l'âme. On demande au patient de se concentrer sur ces espaces, de chercher des fils qui sortent de l'espace vide. Ces fils peuvent être perçus par environ la moitié des patients. On demande au patient de choisir le fil qui semble le plus important et de le suivre. Cela le conduira à une scène, un événement, où il observera et décrira le trauma, et éprouvera la dissociation du fragment. 35
« L'enfant intérieur » est une expression qui fait référence à un fragment d'une partie de soi :
Cette partie sensible peut rester totalement en dehors de l'espace esprit/corps. Une telle séparation permet à l'enfance de survivre durant les premières années, avec la partie dure qui prend en charge la vie.36
Ainsi, le détachement d'avec soi-même et l'attachement à une expression limitée de soi-même, la seule « acceptée », provoque l'effondrement de la conscience :
Le sentiment d'estime de soi de l'enfant est endommagé par un faux étiquetage. Plus son étiquette personnelle est exagérée, moins il sent sa valeur intrinsèque [...] Ses qualités sont exagérées sans lien à la vérité [...] Plus la valeur d'une personne est exagérée, plus il se sent petit. Un faux étiquetage détruit le sentiment de valeur. Tout est pour le spectacle. 37
L'ombre inconsciente prend le pouvoir. Elle contient l'ensemble de ces parties de soi qui demandent à s'exprimer et que la Personnalité va s'efforcer de toujours débouter, car elle en a honte.
Au lieu de s'éloigner de façon inoffensive dans le passé, les événements les plus sombres, les plus effrayants de l'enfance et adolescence prennent de la puissance et autorité quand nous vieillissons. Le souvenir de ces événements nous éloigne de nous-mêmes, psychologiquement parlant, ou sépare une partie de notre conscience des autres parties. C'est ce que nous concevons comme une lutter pour continuer à survivre. Et c'est exactement ce que la plupart d'entre nous faisons : nous ne choisissons pas de mourir, ou de vivre ; nous continuons à survivre. Nous ne choisissons pas la non-existence ; ni ne choisissons la conscience complète. Nous peinons à avancer dans une sorte de brouillard cognitif au milieu de nul part, nous disons être sains d'esprit alors que dans ce lieu, nous n'avons presque jamais pris conscience de la brume.38
La liberté de conscience suppose d'isoler les corps étrangers profondément implantés qui résistent au changement, les désactiver, et les décoller de la conscience comme des autocollants. Tout ce qui est « étranger » et qui « colore » la conscience doit être fondu dans la totalité de la brillance énergétique. Toute partie de soi ressentie comme « étrangère » possède, derrière les apparences, un fragment de conscience (tout souvenir non intégré) qui empêche à l'énergie de s'épanouir.
Expliquant que les souvenirs restent toujours « vivants », et qu'ils forment des réseaux en sommeil, Seth explique que « Dans les moments d' « espaces vides » conscients, ou dans certaines fluctuations, on perçoit souvent ces systèmes de souvenirs. En général, l'esprit conscient, avec son système de souvenirs propre, ne les accepte pas. Lorsqu'une personnalité se rend compte que ces autres réalités existent et que d'autres expériences de conscience sont possibles, elle active certains potentiels en elle-même. Ceux-ci modifient les connexions électromagnétiques à la fois dans l'esprit et dans le cerveau, et jusque dans les mécanismes perceptifs ; ils unissent des réservoirs d'énergie et mettent en place des voies d'activité qui permettent à l'esprit conscient d'augmenter sa sensibilité à ces données. L'esprit conscient est libéré de lui-même. D'une certaine façon , il subit une métamorphose et prend en charge davantage de fonctions. Petit à petit, il parvient à percevoir une partie du contenu qui lui était auparavant fermé. Il n'a plus besoin d'avoir peur des « espaces vide » comme s'ils étaient des preuves de non-existence.
Les fluctuations dont j'ai parlé sont souvent tout à fait minuscules, et cependant hautement significatives. L'esprit conscient connaît bien son propre état de fluctuation. Lorsqu'il est obligé d'y faire face, il ne trouve pas le chaos, ou pire, la non-existence, mais la source même de sa force et de ses capacités. La personnalité commence alors à utiliser son potentiel. 39
Chaque déséquilibre de l'axe central de la conscience s'exprime par un phénomène de transfert, car chaque aspect de soi qui n'est pas intégré, connu et conscientisé, se retrouve désiré dans un aspect de la réalité - un être humain, un objet, une idée... - ce qui provoque l'état critique d'identification, contraire à la conscience de soi. Tout déséquilibre provoque donc automatiquement un attachement à une réalité qui contraint l'individu à agir selon ses « lois ». Ce phénomène est le plus souvent présent lorsqu'il y a rapport de pouvoir, et donc, où l'individu « internalise » la personne dominante dans sa propre psyché, agissant en étant gouverné de l'intérieur par cette autorité extérieure. Plus il y a de déséquilibre donc, moins il y a d'autonomie et de conscience. Pour Olga Kharitidi, nos zones d'ombres psychiques sont « occupées » par ce qu'elle appelle les « esprits des traumas » :
Dans notre tradition, nous les appelons les « esprits du trauma ». Chaque fois que quelque chose vous blesse et que vous ne l'acceptez pas pleinement comme une partie intégrante de votre histoire, vous créez un espace dans votre mémoire ; un espace qui, si la douleur est forte et répétée de nombreuses fois, sera occupé par un esprit du trauma. [...]
Vous pourriez les définir comme des représentations non intégrées [...]
Le processus psychique interne, souvent étendu à travers les générations par l'héritage des modèles de trauma formés, il y a peut-être très, très longtemps, quand l'un de vos ancêtre vécût une douleur insupportable.
Les gènes humains sont bien plus souples qu'on le pense. Ils perçoivent autant qu'ils agissent. Quand une douleur atteint le niveau des gènes, ils se comportent différemment et déforment la mémoire, empêchant la mémoire ne se complète. L'espace dans la mémoire est créé, et un esprit du trauma loge dans l'espace, caché à la conscience.
Quand vous vous distancez de la source de la souffrance, quand vous la considérez comme le contraire de ce que vous voulez être (Je suppose que vous voulez tous être bons, n'est-ce pas), vous perdez la possibilité de la changer. Comme elle continue à vivre en vous, en tant que partie de vous, en vous faisant faire un grand nombre de choix, mais que vous refusez de la reconnaître, vous restez dans une béatitude ignorance et vous continuez à souffrir. [...]
L'espace dans la mémoire est peuplé d'images. Les démons de mémoire peuvent aussi être perçus comme des images, mais ils ont beaucoup plus d'énergie consciente en eux que les mémoires normales. Et précisément pour cela, quand ils sont perçus et transformés, ils ne disparaissent pas, mais changent la qualité de leur énergie et se mettent à vous servir après que vous les ayez conquis. C'est ainsi que les shamans obtiennent leurs plus puissants esprits qui les aident40.
La lumière est piégée dans la multitude du « nous » intérieur de même qu'une solution est troublée par des corps étrangers, de même que notre corps est affaibli lorsqu'il doit se défendre d'intrus pathogènes. La conscience est faible lorsqu'elle est divisée en de nombreuses parties. Elle est divisée avant tout à cause de l'état de conditionnement de l'individu. Ce conditionnement provient des programmes étrangers imposés à la conscience dès le plus jeune age, dans toutes les interactions et situations de vie. Cet « esprit du prédateur » comme l'appelle Castaneda est cette instance étrangère qui se manifeste à chaque fois qu'un individu se comporte selon un programme, car il agit alors comme le voudrait la source du programme et s'aligne sur une autorité qui n'est pas la sienne propre. Rendre conscients les programmes par l'observation de soi, c'est retourner à la « nature originelle ». Un programme limite toujours l'individu par un automatisme, alors que la nature originelle est ce qui devrait gouverner les automatismes... Elle est libre et au delà des automatismes.
C'est dans la profondeur obscure du sommeil sans rêve que se trouve notre essence. Cette essence n'est pas du tout ce que nous appelons notre « moi ». Au contraire, c'est plutôt son absence totale. Ce que nous avons l'habitude de prendre pour nous-mêmes n'est en fait qu'une minuscule couche de givre sur le sommet de l'énorme iceberg de notre inconscient. L'organisation de l'inconscient rappelle un oignon ou un chou: pendant des millions d'années notre évolution en a gravé les feuilles [...] Au moment où nous nous réveillons du sommeil profond, notre essence impersonnelle revêt toutes ces couches l'une par-dessus l'autre, exactement comme lorsque nous nous habillons pour affronter une froide journée d'hiver. A chaque nouvelle couche de vêtements, notre essence nue se cache plus profondément. Nous devenons de plus en plus structurés, programmés; nous ressemblons de plus en plus à l'image que nous avons de nous. Le dernier petit bouton enfin attaché, nous voilà - millionième partie de ce que nous sommes en réalité - prêts à sortir. Bonjour !41
Pas d'existence réelle, état fluctuant de rêve, de mort sous les apparences de la vie... C'est une condition générale, bien qu'il soit difficile de réaliser que chacun est prisonnier de cet état. Pourtant, les individus ordinaires ne sont pas réels, ils ne l'ont jamais été. « les Indiens et les Grecs n'accordaient aucune véritable réalité à l'individu. [...] Aujourd'hui plus que jamais l'individu est la donnée première, au-delà de laquelle il est impossible ou vain d'aller. »42 Mais comment se fier à un mirage ? N'y a-t-il aucune réalité au monde ni aux individus ?
Moi-même, je ne sais absolument rien et ne suis rien. Les images sont : elles sont la seule chose qui existe, et elles ont connaissance d'elles-mêmes à la manière des images - des images qui passent, flottantes, sans qu'il y ait quelque chose devant quoi elles passent; des images qui se rapportent les unes aux autres par des images d'images; des images sans qu'il y ait rien de figuré, des images sans signification et sans but. [...] Toute
réalité se transforme en un rêve merveilleux, sans une vie qui serait rêvée et sans un esprit qui rêverait; en un rêve qui se rapporte à un rêve de lui-même.43
Mais il est impossible « stopper le rêve », à moins d'être « hors du rêve ». Il faut en trouver l'issue. Comme le dit Simone Weil : « Ce monde auquel je suis lié et que je regarde afin de le connaître, est un monde mouvant, changeant; en observant ces perpétuelles contradictions, me voici obligé de prendre conscience de son incohérence. Je ne puis m'appliquer à connaître ce qui est changeant et qui ne cesse de m'échapper, il me faut donc nécessairement fixer un point immuable.44 »
Une partie de soi appartient au temps, une autre n'appartient pas au temps. L'expérience de la vie se situe dans le temps, mais plus elle est vécue consciemment, moins le temps n'a de « réalité ». Le temps est subjectif et dans un état modifié de conscience, il n'a pas la même valeur.45 Nous avons vu que la densité d'espace/temps est englobée dans une densité où l'espace/temps a moins d'influence sur l'individu, et où l'individu qui a rejoint sa contrepartie énergétique a une action tangible sur ce « décor ». Ainsi, la partie véritablement éternelle de l'individu est « hors du temps ». Ce qu'a pressenti le poète initié T.S. Eliot est juste.
Va t'en, va-t'en d'ici, va-t'en, dit l'oiseau, l'espèce humaine Ne peut porter un grand poids de réalité Temps passé et temps futur Ce qui aurait pu être et ce qui a été Pointent vers une seule fin, qui est toujours présente [...] Au point de quiétude du monde qui tournoie. Ni dans la chair, ni désincarné ; Ni provenance ni visée ; au point de quiétude, c'est là qu'est la danse, Mais sans arrêt ni mouvement. Ne l'appelez pas fixité, Le lieu où le passé et l'avenir se joignent. Ni exode ni élan, Ni ascension ni déclin. N'était le point, le point de quiétude La danse n'aurait pas lieu, or il n'y a rien que la danse. Je puis dire seulement : là nous avons été ; mais je ne saurais dire où. Et je ne peux dire combien de temps, car ce serait le situer dans la durée. [...] Temps passé et temps futur Ne permettent que très peu de conscience. Être conscient, c'est ne pas être dans le flux du temps. 46
Le Moi réel ne peut être qu'impersonnel, il EST, et la Personnalité par un alignement juste peut bénéficier de sa créative exaltation. Le Moi réel est le point central d'un cycle de manifestation extérieure. Ce point, s'il est atteint, est indissociable de la sensation du « Présent » :
Être veut dire être dans le Présent. Car dans l'Avenir nous ne sommes pas encore et dans le Passé nous ne sommes plus. Ce que dans le langage courant nous appelons le Présent n'est en réalité que la partie plus ou moins proche du Passé où nous insérons nos prévisions de certains éléments probables de l'Avenir, - mais un Présent réel nous semble inexistant. Ainsi, en dernière analyse, le Présent nous apparaît comme une ligne de démarcation au passage de laquelle des événements évoluant dans le Temps, venant de l'Avenir, donc n'existant pas encore, se transforment mystérieusement en fait accomplis et comme tels passent immédiatement dans le Passé.
Cependant, malgré une apparence parfaitement logique, ce concept du Présent est faux.
En effet, tout ce qui existe, existe dans le Temps. Un objet possédant les trios dimensions de l'espace, bâti de solide matière, a encore besoin pour affirmer son existence de l'élément Temps, la « quatrième perpendiculaire ». Si on ne lui accorde ne serait-ce qu'un instant de Temps, il disparaît.
Le Présent a donc nécessairement une étendue. Pour l'homme extérieur, cette étendue est très courte ; elle est du reste individuelle. Mais si on la réduisait à zéro, son existence cesserait purement et simplement et c'est bien ainsi qu'advient la mort.47
Il faut partir en quête et retrouver le Présent. »
Se connaître soi même est un travail personnel ; le jardinier n enverrai quelqu'un d autre pour savoir l état de ses fleurs. Ce travail vous rendra un témoin du monde et pas un participant. Ainsi, le drame n est pas a guérir mais a comprendre. Le monde s est crée dans l incompréhension ; l esprit humain est trop grand pour ne pas s en occuper. Socrate nous invite a cela.
Miyoceleste, 2018-03-19 - 11 h 58